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A la (re)découverte du Portugal !
A la (re)découverte du Portugal !
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La corrida portugaise

La corrida portugaise

ATTENTION !

CERTAINES PHOTOS CONTENUES DANS CET ARTICLE PEUVENT CHOQUER !

 ÂMES SENSIBLES, S'ABSTENIR.

Au cours de l'été, au Portugal, de nombreuses corridas ont lieu un peu partout dans le pays. Comme je n'ai jamais vu de corridas, et que je profite d'être ici pour découvrir absolument tout ce que le pays à à offrir, j'ai testé pour toi la corrida portugaise. On m'avait dit qu'il n'y avait pas de mise à mort, et j'avais cru comprendre qu'il n'y avait même pas de blessures ; c'est pourquoi j'ai accepté d'aller voir ce spectacle qui va pourtant à l'encontre de toutes mes convictions. Je peux d'ores et déjà te dire que c'était ma première et ma dernière corrida... ! 

En principe, elles ont lieu dans des arènes éphémères installées aux abords de certaines villes, en fin d'après-midi ou en soirée. L'entrée n'est pas donnée, 15-20€ pour celles pour lesquelles je me suis renseignée.

Arène de corrida portugaise

Arène de corrida portugaise

Concernant la corrida que j'ai vue, 3 "grands" toreros étaient là, pour 6 taureaux de 2 espèces différentes. Le "spectacle" était divisé en 6 parties de 30 minutes chacune environ, soit 3h au total. Chacune des parties avait le déroulement suivant, grossomodo :

1. Un des toreros rentre dans l'arène à cheval (je l'appellerai le "torero cavalier" au cours de cet article...). Puis le taureau arrive avec la ferme intention de le faire tomber de son cheval et de l'écrabouiller. Des petits mecs sont chargés de bien exciter le taureau en courant d'un côté sur l'autre de l'arène, avec leur cape rose fuschia (eux, je les appellerai les "toreros coureurs" - ils ont certainement un nom plus recherché, mais je n'ai pas trouvé). Seul le torero cavalier est armé d'une plus ou moins longue "perche" au bout de laquelle se trouve une pique qu'il doit planter dans la nuque du pauvre taureau qui n'a certainement pas demandé à être là.

Une pique... deux piques... trois piques... ça commence à saigner un peu beaucoup là... quatre piques.... bon, c'est ptet pas la peine de t'acharner mec, on a compris que t'étais le plus fort, arrête maintenant... cinq piques. Parfois plus. Jusqu'à ce que le taureau soit fatigué de courir et d'essayer de se défendre, jusqu'à ce moment où tu vois dans ses yeux qu'il a compris que quoi qu'il fasse, l'issue de cette "bataille" sera la même (oui, je lis dans les yeux des taureaux moi !).

La corrida portugaise
La corrida portugaise
La corrida portugaise
La corrida portugaise
La corrida portugaise
La corrida portugaise

2. Puis, le torero cavalier, tout fier de son acharnement sur le puissant taureau, sort de l'arène, applaudi par tous (sauf moi!). Les toreros coureurs reviennent et tâchent de réexciter un peu le taureau, toujours avec leur cape rose fuschia (ou rouge passé par le soleil, je sais pas trop ;-) ).

La corrida portugaise
La corrida portugaise

3. Ensuite, une ribambelle d'autres petits mecs entre en scène. Ils ne sont ni armés, ni munis d'une quelconque cape, ni à cheval, ni connus. Ils entrent en ligne dans l'arène, menés par une sorte de leader qui porte un petit bonnet vert. Ce "lutin", suivi de ses acolytes, doit aller vers le taureau, et au lieu de le fuir, il doit lui sauter dessus lorsque celui-ci va le charger, en s'accrochant bien aux cornes. Tous les autres se jettent également sur le taureau. Un de ces mecs se tient derrière le taureau, à tirer la queue et à jeter du sable sur le popotin de celui-ci. Je n'ai pas trop bien compris le but de cette manoeuvre, peut-être était-ce de faire se coucher le taureau, mais si c'est le cas, aucun n'a réussi !

La corrida portugaise
La corrida portugaise
La corrida portugaise

4. Enfin, le taureau, toujours vivant à ce moment-là mais exténué et ensanglanté, est tiré vers la sortie. Et là, ce qu'il se passe pour lui après, une fois qu'on ne le voit plus, je n'en sais rien, mais je crains le pire...

La corrida portugaise
La corrida portugaise

5. Le torero-cavalier revient ensuite dans l'arène à pieds, pour en faire le tour et se faire mousser, accompagné des toreros coureurs, et du "lutin" au bonnet vert. Ils reçoivent des bouquets de fleurs, des chapeaux qu'ils embrassent et renvoient à leurs expéditeurs, et se font aplaudir tout du long !

La corrida portugaise

Donc en effet, pas de mise à mort en public, ce qui est déjà pas mal. C'est de toute façon interdit par la loi portugaise. Mais même sans ça, le spectacle reste un peu perturbant quand on aime les animaux et qu'on oculte complètement la partie culturelle et traditionnelle de la corrida. Tradition ou pas, je n'ai pas trop compris ce que des gamins de 5-6 ans faisaient ici à regarder ça : certains des toreros se retrouvaient quand-même avec beaucoup de sang sur le visage, et il y avait de grosses giclures de sang par endroits dans l'arène.

Bon, je ne dis pas que la corrida, c'est nul, hein. Ca fait partie de la culture de certains pays, notamment du Portugal, et c'est à moi d'accepter et de m'adapter à la culture du pays dans lequel je vis, pas l'inverse. Toutefois, ce n'est pas une expérience que je renouvellerai, c'est certain (et encore moins la corrida avec mise à mort en public). Mais si tu n'as aucun souci avec le concept et que tu veux découvrir quelque chose de traditionnel, c'est peut-être à faire. Pour ma part, je crois que ce qui m'a beaucoup gênée, c'est de voir cette lueur de satisfaction illuminer le visage des toreros à chaque fois qu'ils plantaient leur pique dans le dos du pauvre taureau, comme s'ils prenaient plaisir à blesser... Bref, je n'ai pas pu rester jusqu'à la fin, le supplice a déjà été trop grand pour moi le temps de ma présence. 

Pour finir, je t'invite à écouter la chanson "La Corrida" de Francis Cabrel, dans laquelle il traduit avec brio ce que pourrait ressentir un taureau au cours d'une corrida. Magnifique chanson, d'ailleurs...